Ibrahim nous surprend toujours par la profondeur du sens que ses œuvres portent. Ibrahim a cette capacité « d’éveiller celui qui regarde ses œuvres à lui-même mais aussi au monde qui l’entoure » ; je cite Abd Al Malik (1) qui y voit là l’impérieuse raison pour laquelle « l’art doit exister » ; et celui d’Ibrahim en particulier.
« Quand je parle du voyage, je ne parle pas de prendre la voiture ou bien d’aller s’installer dans une autre ville, non, quand je parle du voyage, je parle du voyage de l’intérieur; le voyage de l’esprit au fond de toi »
Ibrahim a en lui une profonde spiritualité ; il l’explique ainsi, « une spiritualité différente du vaudou, différente de l’église, de l’islam ; ma spiritualité c’est ce que ressens, un être à l’intérieur de moi et qui me lie avec le divin : ce qui est juste, ce qui est faisable, ce qui est bien ; c’est ça la spiritualité donc j’essaie de parler dans mes toiles ».
Ibrahim nous partage, ce que Abd Al Malik appelle « son humanité, le seul langage universel, la seule langue comprise, parlée et ressentie par chacun d’entre nous ».
Ce qui touche particulièrement dans les œuvres d’Ibrahim c’est cette façon singulière qu’il a de parler à mon humanité. Ibrahim nous dit « je parle de la sagesse, je parle de la rue, je parle du foyer, de l’injustice ; mes toiles parlent beaucoup d’amour car tout le monde a besoin de l’amour ; que tu sois mauvais ou que tu sois méchant tu as besoin de te sentir aimé. Donc c’est pour cela que mes toiles parlent beaucoup de l’amour parce qu’il faut sauver l’amour dans la société pour qu’on puisse avoir l’harmonie et la paix de vivre. Sinon il y a un adage qui dit : ce qu’on doit au prochain c’est l’amour ; donc je parle beaucoup de l’amour ».
Ibrahim de conclure : « parce qu’au fond de nous il y a beaucoup de potentialités qu’on n’arrive pas à voir, à découvrir. Donc lorsque tu voyages à l’intérieur de toi, tu es comme un continent, tu es comme un pays : il y a différents départements à l’intérieur de toi. Donc quand tu voyages, tu vas dans le côté amour, il y a beaucoup de choses à puiser là. Quand tu vas dans le côté professionnel, il y a des choses à puiser là. Donc il y a le côté sentimental, il y a le côté professionnel, il y a aussi le côté de du talent, il y a beaucoup de choses. Donc tu voyages à l’intérieur de toi, tu puises ce que tu veux, ce dont tu as besoin pour ton bien ».
Et les toiles d’Ibrahim nous racontent tout cela.
Abd Al Malik, raconté par Saphia Wesphael dans « pour tout l’art du monde » – 2023.