En 1998, j’ai créé une entreprise de conseil en agroalimentaire qui avait pour raison d’être : accompagner les producteurs à capter de la valeur en aval et réduire leur dépendance aux acteurs dominants aval. Les récents mouvements d’agriculteurs en France ont montré que cet objectif de captage de la valeur par les producteurs était loin d’être gagné pour beaucoup. J’ai aujourd’hui cédé cette entreprise et le fruit de cette cession est hébergé dans une société : Muroa SARL.

Fin 2023, nous avons décidé avec Sylvie, de consacrer notre fibre entrepreneuriale et les quelques fonds propres de Muroa à combiner l’art avec le développement économique et social, en particulier en Afrique Sub saharienne. C’est le projet MURO’ART.

Vous allez comprendre rapidement le lien que nous faisons entre mon expérience auprès des agriculteurs et le développement économique et social en Afrique par l’art.

L’Afrique sub saharienne, Afrique du Sud mise à part, possède un Indice de Développement Humain « IDH (1) » qui varie entre le 130è et le 190é pays du monde. Togo et Bénin où MURO’ART a démarré son sourcing sont respectivement au 162è et 166è rang. Si l’Afrique est le continent qui va connaitre la plus grosse croissance démographique des décennies à venir, alors il est capital que tout soit mis en œuvre pour permettre aux entrepreneurs de ces pays de capter chez eux le maximum de valeur et ne pas la laisser aux intermédiaires ; cela signifie intégrer les chaines de valeur ; à minima les maitriser ; c’est ce que MURO’ART propose aux artistes et à leurs communautés.

Mais pour qu’il y ait développement économique et social, il est nécessaire que les artistes que soutient MURO’ART n’aient pas comme seul objectif leur propre rémunération mais veuillent aussi développer une communauté autour de l’art, c’est-à-dire  des artistes qui veulent mettre une partie de la valeur captée au service d’un développement économique et social local, d’un projet créateur de valeur partagée.

C’est le projet de Oswald à Ptalimé, c’est celui que porte Ibrahim à Grand Popo. Nous aurons l’occasion dans les mois à venir de vous apporter des détails sur l’évolution de leurs projets respectifs. Et bien entendu, MURO’ART va continuer son travail de terrain pour étendre ce réseau.

MURO’ART achète les toiles aux artistes localement ; quand les toiles sont revendues, MURO’ART renvoie aux associations qui portent les projets la majeure partie de la plus value générée. L’objectif de MURO’ART c’est qu’à minima, plus de 50% du prix de vente soit de la valeur captée par les artistes et leurs associations.

La vocation de MURO’ART est de lancer ce modèle en s’occupant de tout, ici en Europe : faire connaitre, faire aimer, faire acheter, … ; à terme, MURO’ART vise à transférer ce rôle à une organisation autonome, financée par les artistes et leurs communautés ; qu’ainsi à terme ils aient maitrise de la valeur générée jusqu’à l’acheteur final.

Mais nous n’en sommes qu’au début.

(1) IDH : indice de développement humain qui est l’indice de référence aujourd’hui et qui combine l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation et le PIB brut par habitant.

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